Soutenance de thèse de ISMAEL OUEDRAOGO

Les « éducations à », notamment l’éducation au développement durable (EDD) sont intégrés dans les curricula aux Burkina Faso dans le but, entre autres, de donner aux apprenants des compétences leurs permettant de trouver des solutions endogènes face aux défis liés à la mondialisation et aux changements climatiques. La présente étude analyse le curriculum de l’EDD dans l’enseignement supérieur burkinabè et met en relief le curriculum possible et le curriculum réel. Elle montre comment les savoirs locaux peuvent être mobilisés de façon efficiente dans le cadre d’une EDD. En effet, l’introduction de l’EDD dans les curricula de l’enseignement supérieur au Burkina Faso est susceptible de favoriser une transmission de valeurs et/ou de normes chez les apprenants, voire chez l’enseignant. Elle peut ne pas être explicite compte tenu d’un rapport de dominant/dominé qui perdure entre les institutions supranationales et certains pays dits « en développement » dont fait partie le Burkina Faso. Partant, il convient de se demander s’il s’agit du même développement durable dans les pays dits « développés» que ceux dits « en développement ». Les savoirs locaux peuvent-ils être convoqués dans le cadre d’une EDD dans l’enseignement supérieur pour l’atteinte d’un véritable développement durable au Burkina Faso ? Ainsi, en concevant le curriculum comme un objet socialement construit (Forquin, 2008), nous avons posé l’hypothèse dans la même perspective que (Jackson, 1990), selon laquelle il existe un curriculum caché de l’EDD dans l’enseignement universitaire burkinabè, mettant ainsi en place un système de valeurs, dont la résultante est un changement de valeurs, voire identitaire chez l’apprenant et probablement chez l’enseignant. L’analyse des postures enseignantes, notamment de cent quatre (104) enseignants-chercheurs issus de seize (16) établissements d’enseignement supérieur privés et publics au Burkina Faso, permet de montrer que la mobilisation des savoirs locaux peut servir de tremplin à un réel « développement durable endogène ». Ces types de savoirs longtemps marginalisés se présentent ainsi comme un tremplin à un véritable « développement durable africain », et constituent du même coup le noyau central du curriculum possible de l’EDD qui prend ainsi en compte les réalités socio-culturelles et économiques du pays. Mots clés : EDD, Savoirs locaux ; curriculum possible, curriculum caché, curriculum réel

"Education for", including Education for Sustainable Development (ESD), is integrated into curricula in Burkina Faso with the aim, among other things, of equipping learners with skills that enable them to find endogenous solutions to the challenges of globalization and climate change. This study analyses ESD curricula in higher education, highlighting in particular the possible curriculum and the actual curriculum. It shows how local knowledge can be efficiently mobilized in the context of ESD. Indeed, the introduction of ESD in higher education curricula in Burkina Faso is likely to promote the transmission of values and/or norms among learners, or even among teachers. This transmission may not be explicit given the continuing dominant/dominated relationship between supranational institutions and some so-called "developing" countries. Therefore, it is worth asking whether this is the same sustainable development in the so-called "developed" countries as those called "developing". Can local knowledge be convened as part of an ESD in Burkinabe higher education? By conceiving the curriculum as a socially constructed object (Forquin, 2008), we have hypothesized in the same perspective as (Jackson, 1990), that there is a hidden curriculum of ESD in Burkinabe university education, thus setting up a system of values, the result of which is a change in values, even identity in the learner and probably in the teacher. The analysis of teaching postures, in particular of one hundred and four (104) teacher-researchers from sixteen (16) private and public higher education institutions in Burkina Faso, shows that the mobilization of local knowledge can serve as a springboard for a real "endogenous sustainable development". These types of knowledge, long marginalized, thus present themselves as a springboard to a true "Sustainable African Development", and at the same time constitute the central core of the possible SD curriculum which thus takes into account the socio-cultural and economic realities of the country. Keywords : ESD ; Local knowledge ; Possible curriculum ; Hidden curriculum ; Real curriculum